Selma Feriani continue de façonner, à sa manière, une partie de la scène artistique tunisienne depuis 2013 à travers les travaux d’artistes éclectiques qui exposent dans sa galerie à Sidi Bou Saïd, les propulsant ainsi à l’échelle mondiale. Selma Feriani participe à la Fiac, la célèbre Foire internationale d’art contemporain, qui se déroule à Paris depuis 1974. Elle y participe dans le cadre de la première édition de son événement «Online Viewing Rooms», en mettant en lumière différents artistes tunisiens lors de ses interventions.
«La Fiac est une foire importante pour nous, et Paris est une ville animée qui attire des collectionneurs et des institutions du monde entier. Peu de nos artistes sont basés à Paris, c’est donc une excellente occasion d’être présent à la Fiac et de présenter notre programme et nos artistes», déclare Feriani.
«Les salles de visionnage en ligne de la Fiac sont une excellente occasion de renouer avec le salon et avec nos collectionneurs basés en Europe avant de participer au salon physique en octobre», souligne-t-elle.
Intitulée «Power Structures», l’exposition présente le peintre tunisien Thameur Mejri et l’artiste algérien Massinissa Selmani, ainsi que la Chilienne Catalina Swinburn. L’exposition présente une sélection de peintures, dessins et sculptures qui explorent les complexités de l’existence humaine à travers des récits engagés, politiques et historiques.
Thameur Mejri a plusieurs expositions à son actif et interroge notre existence à travers son art. Différentes figures sont apparentes et présentes dans ses peintures, mêlant le chaos et le mouvement aux couleurs. Il use du bleu et du rouge pour représenter le ciel et l’enfer, et d’exprimer différents parallélismes liés à la vie.
Massinissa Selmani a exposé dans de grands musées et des institutions européennes et est connu pour son approche documentaire et ses scènes énigmatiques. Selmani réinterprète des fragments de photographies en décontextualisant plusieurs thèmes vitaux de leur contexte d’origine pour laisser place à l’imaginaire et à l’interprétation personnelle. Ses dessins enrichissent et stimulent la pensée, laissant au receveur libre interprétation.
«La sculpture de Swinburn» est inspirée d’une figure cosmologique indo-iranienne, représentant la divinité des «eaux» associée à la fertilité, à la guérison et à la sagesse. Pour créer la structure robuste en forme de cap, l’artiste chilien Catalina Swinburn a développé une technique de tissage de pages à partir de documentations archéologiques de mosaïques de sol perso-romaines, prises dans le palais de Shapur I à Bishapur, en Iran.
«Ma pratique de tissage de documents anciens est devenue une manifestation de contestations politiques, en usant des documents et du patrimoine. Régénérer ces récits manifeste en moi cette urgence d’agir et d’être impactant. Ces récits tissés sont considérés comme une substitution à la voix d’une femme. Le tissage peut représenter ce que les mots ne peuvent pas dire», précise l’artiste.
Le motif de tissage est inspiré des ruines sacrées et des vieux textiles d’échafaudages utilisés dans les cultures andines (issus des Andes, une chaîne de montagnes en Amérique du Sud). A travers son œuvre appelée «Anahita», Swinburn explore le concept géopolitique et le rôle que les textiles ont joué dans les échanges culturels entre l’Occident et les peuples autochtones du monde entier.
«Les textiles sont des expressions éloquentes des préoccupations des femmes, liées aux mœurs, aux traditions, au patriarcat et contribuent aux études sur le genre, l’identité sociale, le statut, l’échange et la modernisation», déclare Swinburn. Actuellement, la galerie Selma Feriani à Sidi Bou Saïd expose le travail d’Ismail Bahri.